Par le Dr bernard Angerville
Psychiatre
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Redoutée par les consommateurs de stupéfiants, l’overdose est une cause directe de mortalité liée à l’absorbtion excessive de certains produits. En 2016 en France, le nombre de décès par surdose est en net augmentation1. L’overdose peut-être accidentelle ou non et concerne tous les usagers (réguliers comme occasionnels). Le point dans cet article.
Définition de l'overdose
Une overdose correspond à l’absorption d’une substance en quantité supérieure à la dose limite supportable par l’organisme : « le patient dépasse largement les doses prescrites pour obtenir l’effet escompté et bascule vers une saturation des récepteurs-cibles », explique le Docteur Bernard Angerville, psychiatre-addictologue au CHU Amiens-Picardie.
Les causes
Une overdose peut être provoquée par :
- l’alcool ;
- des médicaments/stupéfiants opiacés ;
- des drogues stimulantes ou des médicaments sédatifs (benzodiazépines).
Elle peut aussi bien être volontaire qu’accidentelle.
L’Observatoire français des drogues et des toxicomanies fait état de 8441 décès en 2015 en Europe. La majorité des cas (81%) est liée aux opiacés comme l’héroïne, la morphine ou le fentanyl2. Pour ce qui est du cas de la France : environ 1200 décès seraient liés chaque année à des overdoses, selon l’OFDT3. Ici encore, la première cause de décès serait liée à l’absorption en excès de substances opiacées.
Les drogues concernées
Différents types de produits peuvent induire un syndrome toxique de surdosage. « Il faut éviter les dosages élevés surtout lorsqu’on ne connaît pas un produit. L’augmentation progressive doit être de mise. Le mélange de différentes substances est particulièrement contre-indiqué. Or c’est souvent le cas dans les milieux festifs où drogues et alcool sont consommées ensemble », souligne le Docteur Angerville, addictologue.
Les overdoses
Les overdoses liées à l'alcool
Les overdoses sont le plus fréquemment liées à l’alcool dont le symptôme est un état comateux (ou « coma éthylique ») : « Les récepteurs du système nerveux sont complétement bloqués par l’alcool », explique l’expert. Tous les types d’alcool sont toxiques au-delà d’une certaine dose. On considère qu’il y a un risque de décès lorsque l’alcoolémie se situe aux alentours des 4g/l.
Les overdoses liées à la consommation d'opiacés
Mais l’overdose peut aussi résulter d’une consommation excessive d’opiacés : « c’est le cas des stupéfiants comme l’héroïne mais aussi de certains médicaments antidouleurs comme la morphine, le tramadol, la codéine, le fentanyl, la méthadone… C’est par exemple le cas des jeunes qui vont se servir dans la pharmacie de leurs parents. Dans ce cas, le patient présente un état de sédation extrême, la diminution des fonctions respiratoires et cardiaques peuvent engendrer le décès», précise le spécialiste.
L'accoutumance
Chez un patient qui ne connaît pas d’accoutumance morphinique, la surdose survient à partir de 1 mg par kg de poids. Toutefois, le phénomène d’accoutumance permet à certains utilisateurs de supporter des doses plus importantes.
Les médicaments sédatifs
Les médicaments sédatifs de la famille des benzodiazépines (anxiolytiques, hypnotiques, myorelaxants et anticonvulsants) : « leur consommation excessive entraîne une dépression du système nerveux centrale. L’altération des fonctions respiratoires et cardiaques peuvent provoquer le décès. La prise massive de benzodiazépines constitue la première modalité de tentative de suicide en France. » indique l’addictologue. L’accoutumance aux benzodiazépines, permet aux patients de supporter des doses de plus en plus importantes et parfois largement au-delà des posologies recommandées.
Les stimulants
Enfin les stimulants sont aussi responsables de surdoses : c’est notamment le cas des substances de la classe des amphétamines (dont fait partie le MDMA /Ecstasy qui est aussi un psychédélique) ainsi que de la cocaïne. Le LSD (stimulant hallucinogène) ne cause pas réellement d’overdoses mais peut engendrer des comportements à risque en cas d’excès. « Ces produits peuvent entraîner un état d’agitation extrême, une vasoconstriction périphérique avec une accélération cardiaque : l’issue peut ici être fatale », selon le spécialiste. Une overdose aux stimulants peut survenir quel qu’en soit le dosage car les complications n’interviennent qu’en cas de troubles du rythme cardiaque (leur survenue est très variable d’un individu à l’autre et en fonction de la consommation d’alcool associée).
Symptômes d'une overdose
« Le tableau clinique de l’overdose est variable en fonction de la nature de la substance consommée », souligne le docteur Angerville, addictologue.
Le coma éthylique
En cas de surdose d’alcool, le patient peut présenter une perte de connaissance accompagnée d’une perte du tonus musculaire et de la coordination, une peau froide (hypothermie) et moite ainsi que des pupilles dilatées : les médecins parlent « d’encéphalopathie alcoolique aiguë » (l’alcool empêche la circulation de l’influx nerveux).
Le buveur risque la chute (parfois fatale), la noyade (s’il est ou tombe dans une piscine) ou encore la fausse route. À un stade plus avancé, la personne ne peut plus être réveillée et la réanimation est alors nécessaire. À noter que lorsque l’hypothermie est sévère, notamment en cas de temps froid, la réanimation peut être plus délicate.
D’autres complications peuvent se présenter au cours d’une overdose alcoolique comme la crise d’épilepsie ou l'insuffisance respiratoire.
L’overdose aux opiacés
Les symptômes sont :
- une difficulté à marcher, à parler ou à rester éveiller ;
- des pupilles rétractées ;
- une peau froide ;
- des étourdissements/confusions ;
- des somnolences ;
- une respiration faible voire inexistante ;
- un ralentissement du rythme cardiaque ;
- une perte de connaissance avec incapacité à se réveiller.
L’overdose aux médicaments sédatifs (benzodiazépines)
- Somnolences ;
- Perte de connaissance ;
- Coma ;
- Diminution des fonctions respiratoires et cardiaques pouvant entraîner le décès.
L’overdose aux stupéfiants stimulants (les amphétamines, la cocaïne…)
- Agitation extrême,
- Sudation excessive ;
- Des troubles de la mémoire ;
- Une hypertension artérielle ;
- Des troubles du rythme cardiaque (accélération de la fréquence cardiaque) pouvant entraîner la mort.
L’examen clinique
Un interrogatoire du patient
Dans le cas où le patient est conscient, ou de l’entourage afin de savoir quelles substances ont été ingérées.
- Le patient présente un « toxi-syndrome » : chaque molécule va présenter un tableau clinique spécifique.
- « En cas d’overdose à l’alcool, l’indice le Glasgow se trouve effondré avec des troubles de la vigilance majeurs : le patient ne répond plus aux stimulations verbales et tactiles. Parfois l’individu est complétement inconscient», détaille l’expert.
- « En cas de suspicion d’overdose aux opiacés (et en particulier à l’héroïne), les urgentistes font en général un premier examen oculaire: les pupilles resserrées (mydriase) sont un signe évocateur», ajoute le spécialiste.
- Enfin, l’effondrement de la fréquence respiratoire est aussi un indicateur d’overdose: les mouvements de respiration spontanés sont très lents (de 30 secondes à 1 minute).
Des examens sanguins complémentaires
Ils ont lieux afin de déterminer plus précisément les substances prises.
Comment s’en sortir ?
En cas d’overdose
Il faut appeler le 15 ou le 112 et placer le patient en position latérale de sécurité.
En cas de surdosage avéré d’opiacée
Un antidote est administré : la naloxone. Le flumazenil est utilisé dans les cas d’overdose aux benzodiazépines.
Il n’existe pas d’antidote aux stupéfiants stimulants (cocaïne, amphétamines, MDMA).
Le traitement de secours
Il existe aussi la possibilité d’obtenir un traitement de secours à domicile pour les utilisateurs réguliers d’opiacés. Il s’agit de la naloxone sous forme inhalée dans le nez ou d’injection intramusculaire. Ces traitements sont administrés sous ordonnance en pharmacie ou disponibles dans les centres spécialisés (CSAPA, CAARUD).
Dr bernard Angerville
Psychiatre
Références
- 2- Chiffres issus du rapport européen sur les drogues, tendances et évolutions, 2017, publié par l’observatoire européen des drogues et des toxicomanies (PDF)
https://www.emcdda.europa.eu/system/files/publications/4541/TDAT17001FRN.pdf
- 3- Décès directement liés aux drogues, Tendances n° 133, OFDT, Juillet 2019
- Le décès par surdose en France – Etat des lieux et comparaisons européennes, observatoire européen des drogues et des toxicomanies, 2016. (PDF)
https://www.ofdt.fr/BDD/publications/docs/epfxtdw9.pdf
- Drogues, Chiffres clés - 8e édition, observatoire européen des drogues et des toxicomanies, 2019. (PDF)
- Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès (Cépi-DC - INSERM). Registre national des causes de décès.
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